LA
RELIGION AU JAPON
Zen et shintoïsme
Si on le leur demandait peu de Japonais affirmeraient qu'ils sont
très croyants. Dans leur recherche de la croissance économique et
d'un mode de vie axé sur la technologie, les Japonais peuvent donner
l'impression d'avoir négligé la religion. Mais en réalité, les questions
spirituelles n'ont jamais vraiment disparu de la vie japonaise et
les rites religieux sont pratiqués quotidiennement. Près de 90%
des Japonais sont shintoistes et 75% bouddhistes - les Japonais
appartenant souvent aux deux confessions. Elles ne s'opposent pas
l'une à l'autre et si les Japonais assistent à des cérémonies Shintoïstes
dans la première partie de leur vie, pour les naissances et les
mariages, ils se rendront à des obsèques bouddhistes. Beaucoup de
fêtes sont semi-religieuses. Hors des villes animées, les grands
sanctuaires shîntoistes, comme ceux d'Izumo et d'lse, attirent des
foules de pèlerins et les employés de bureau trouvent des havres
de paix dans les jardins des monastères zen, tels ceux d'Eihei-ji
dissimulés dans une vallée proche de la mer du Japon.
Le
magnifique sanctuaire de Toshogu à Nikko fut construit sur l'ordre
du shogun Ieyasu en 1603, pour lui servir de tombeau. Il est orné
de symboles bouddhistes et shintoïstes. Aujourd'hui comme jadis,
beaucoup de japonais pratiquent les deux religions.
Prêtres
célébrant Aoi Matsuri, une grande fête shintoïste, à Kyoto.
Cette cérémonie, qui exalte l'origine divine des empereurs japonais,
daterait du VIIIème siècle, lorsque Kyoto devint la capitale du
Japon
L'époque ancienne
On ne sait que peu de chose sur la religion des anciennes populations
du Japon, si ce n'est que leurs croyances formèrent la base du shintoisme.
D'après des chroniques datant du début du VIIIème siècle, tous les
éléments de la nature, montagnes, rochers, rivières, arbres, étaient
habités par des esprits, les kami. Une personne décédée devenait
kami et pouvait temporairement habiter l'une de ces choses.
Avec le développement des clans et de la fonction religieuse de
l'empereur, et avant l'introduction du bouddhisme, les mythes et
légendes sur la naissance du Japon prirent une grande importance.
Selon eux, les îles japonaises étaient le fruit du mariage d'Izanagi
et d'Izanami, un frère et une soeur descendus de la grande plaine
céleste et qui donnèrent aussi naissance à Amaterasu, la déesse
du Soleil. Au cours des IVème, Vème et VIème siècles, le taoïsme
et le confucianisme chinois pénétrèrent au Japon, et se mélangèrent
à sa mythologie et à la croyance aux kami. Cet ensemble de
croyances prit le nom de shinto, "voie des dieux" qui le distinguait
du bouddhisme (bukkyo). Le shintoisme est ainsi la plus vieille
religion japonaise. Son sanctuaire véritable est la nature et les
forces de la nature elles-mêmes sont vénérées. Les dieux existent
dans les eaux des sources et des torrents, ou bien dans l'herbe
et les arbres qui poussent autour des temples.
Le shintoïsme a presque toujours été une religion d'État surtout
parce qu'il attribue à I'empereur une origine divine, C'est donc
une justification puissante de l'autorité impériale, utilisée jusqu'à
la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Le shintoisme d'État fut
aboli après la guerre et l'empereur changea le cours de l'histoire
en renonçant à la divinité.
Le bouddhisme
Le bouddhisme arriva de Chine et de Corée en 552 après J,-C., et
fut d'abord contesté par les détenteurs du pouvoir parce qu'il introduisait
la culture chinoise au Japon. La notion du cycle de la mort et de
la renaissance, l'insignifiance des choses temporelles et la promesse
de la grâce divine, tout cela était nouveau. Mais, fidèles à leur
tradition séculaire, les Japonais adaptèrent la nouvelle doctrine
on rejetant tout ce qui ne s'accordait pas avec leurs croyances.
Le
Grand Bouddha de Kamakura contemple les pèlerins avec sérénité
comme il le fait depuis 700 ans. Cette énorme statue de bronze,
haute de 11m et pesant 100 tonnes, fut érigée au XIIIème siècle.
Au début, des rivalités éclatèrent entre les clans shintoîstes et
bouddhistes pour des raisons politiques plutôt que religieuses.
Et bien que l'aristocratie adoptât le bouddhisme, le shintoisme
resta la religion du peuple.
Tout au long de son histoire, le bouddhisme japonais a engendré
puis éliminé de nombreuses sectes. Il y a aujourd'hui 11 sectes
au Japon, subdivisées en 58 branches. Les écoles de Nara pratiquent
les plus anciennes formes de bouddhisme. Mais l'une des écoles les
plus influentes, celle du zen, fut popularisée dès le XIIème siècle
par un moine, Tendai Eïseï.
Tendai Eïseï fonda la secte du Zen Rinzaï mais, très peu de temps
après, un autre moine, Dogen, forma une autre secte zen, le Zen
Soto, qui est, de nos jours, la plus active du pays. Elle rassemble
environ huit millions d'adeptes, possède une université, plusieurs
grandes écoles et un vaste système social et caritatif. Le Soto
accorde une importance primordiale au travail social et au comportement
moral.
Parmi les trois branches principales du bouddhisme - le jodo shin,
le nichiren et le zen -, la classe des soldats
samouraïs choisit le zen. Les aspects les plus violents du zen
furent mis en avant, son mépris de la douleur et du plaisir, et
son autodiscipline. Ironie de l'histoire, ce sont les aspects les
plus pacifiques du zen qui font aujourd'hui son succès.
Un
moine tend son bol à aumônes dans une rue de Tokyo.
Bien que le Japon soit un pays très moderne, les sentiments religieux
sont profondément enracinés dans le coeur des japonais, qui font
généreusement vivre les institutions shintoïstes et bouddhistes.
Dans le bouddhisme zen, la méditation (zen) est au centre de la
pratique religeuse et aide le fidèle à atteindre l'Eveil spirituel
(satori). La méditation vise à faire passer l'esprit de Bouddha
dans celui de la personne qui est en train de méditer. Pour y arriver,
le croyant doit totalement purifier son esprit, ce qu'il ne peut
atteindre qu'en méditant sur la vanité de toute chose. Le zen a
profondément influencé l'art japonais, en particulier la peinture
de la nature.
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