KYOTO
Heian-Kyo
(« la capitale de la paix ») ou Kyoto, comme on commença à l'appeler
à partir du XIème siècle, est située au sud de l'île d'Honshu, qui
forme le centre de l'archipel. Kyoto fut la capitale du Japon de
la fin du VIIIème siècle jusqu'en 1868, quand elle fut remplacée
par Tokyo, qui se trouve plus à l'est. Mais l'ancienne capitale
reste le foyer traditionnel de la culture japonaise et un centre
spirituel important.
C'est presque par hasard que Kyoto prit de l'importance, une importance
qu'elle doit à l'intrigue politique et à une série de catastrophes
naturelles. Lorsque l'empereur Kammu décida de transférer sa capitale
de Heijo (maintenant Nara) en 794, il choisit d'abord Nagaoka, au
nord de Heijo. Mais son contrôleur des travaux fut assassiné par
des courtisans rivaux, et le site fut abandonné en raison de mauvais
présages : la mort de l'impératrice et une mysténeuse maladie qui
décimait la cour impériale, Kyoto, plus à l'est, fut retenue.
Arbres
aux formes rigouresement disciplinées près du bâtiment principal
du temple de Zuishin-in, érigé au début du XIème siècle par un
membre de la puissante famille des FUJIWARA en guise de prière
votive pour l'âme de sa mère.
L'empereur partit pour Kyoto pour échapper à l'influence des grands
monastères de Nara et pour donner une nouvelle impulsion au ritsuryo,
le système de l'administration centrale. Et, en effet, le nombre
de temples y fut limité, ce qui n'empêcha pas les temples et les
sanctuaires bouddhistes et shintoistes de prospérer et de faire
de Kyoto le grand foyer religieux du Japon. La ville devint aussi
un centre de la culture de cour, avec une communauté florissante
de marchands et d'artisans.
Le rayonnement des arts
Quelques-uns des aspects les plus durables de la civilisation japonaise,
fruit des chambres secrètes et de la cour impériale de Kyoto, furent
créés durant l'ère Heian. De grandes oeuvres littéraires, tels le
Dit du Genji et Notes de chevet font découvrir un
univers de beauté, de culture et de recherche du plaisir qui imprégna
la vie de cette époque. Les raffinements de la cal!igraphie, de
la musique, de l'habillement et du comportement éclipsèrent l'art
de la guerre qui, cependant, reprit de l'importance plus tard.
Des caractères japonais (kana) furent introduits dans la
langue qui, jusque-là, n'était écrite qu'avec des caractères chinois.
Les kana les plus lyriques permirent aux arts poétiques de fleurir
et donnèrent pour la première fois au langage écrit une empreinte
véritablement japonaise. Kyoto fit de son mieux pour répandre l'utilisation
des kana dans l'ensemble du pays. Tout ce que la culture
contient de typiquement japonais, l'approche indirecte, l'émotion
rentrée, la spiritualité, a ses racines dans cette époque de Heian.
Vue
latérale du Pavillon du Phénix de Byodo-in, avec son bassin..
Les plans d'origine prévoyaient de diviser Kyoto en blocs réguliers
(bo), semblables à ceux des villes américaines modernes,
subdivisés en 16 cho. Ces blocs entouraient la grande enceinte
du palais ainsi que le palais intérieur au nord. Les avenues couraient
nord-sud tandis que les rues étaient orientées est-ouest, avec une
large avenue, Suzakuoji, divisant la ville en deux quartiers. Suzakuoji,
qui s'appelle aujourd'hui Sembon-dori, conduisait directement au
daidairi l'enceinte administrative entourée de murs renfermant
ministères et palais.
Bien que toutes sortes de catastrophes, la guerre, les tremblements
de terre, le feu et l'eau, aient détruit la plus grande partie des
édifices originaux, Kyoto fut toujours reconstruite selon le même
plan en échiquier, dont les dimensions sont basées sur la taille
d'un tatami qui est d'environ un mètre sur deux. Les dimensions
d'une pièce sont mesurées suivant le nombre de tatami qu'elle
contient. Cela détermine la largeur et la longueur de chaque pièce
et donc celles de la maison familiale, ou machiya . Les Japonais
l'appellent aussi en plaisantant unagi no nedôko, les "chambres
à coucher des anguilles" », en raison de la forme longue et étroite
de ces maisons. Elles ont en effet huit mètres de large environ
pour plus de 40 mètres de profondeur. Cinq maisons forment un goningumi
et 40 maisons un cho. Ainsi les proportions d'une maison,
d'un quartier, d'un arrondissement et finalement d'une ville entière,
reposent-elles sur les dimensions d'un unique tatami.
Quelques
bâtiments de bois tout simples ont survécu depuis l'époque où
Kyoto, alors Heiankyo, était la capitale du Japon. Leurs proportions
élégantes étaient liées à la taille des nattes de jonc (tatami)
qui recouvraient le sol de chaque pièces.
La ville moderne Le Kyoto moderne est compact et il est facile de
s'y orienter. Sa vie nocturne se concentre sur les bords de la rivière
Kamo, surtout sur la rive droite à Pontocho. Au nord-ouest se trouve
Kitayama où s'élèvent les plus beaux temples zen de la ville, y
compris ceux de Ryoan-ji, célèbre pour ses jardins de rocaille et
son Pavillon d'or.
Le
temple de Kinkaku-ji, ou Pavillon d'or, à Kyoyo, était la résidence
d'été d'un Shogun du XIVème siècle. L'actuel édifice, construit
en 1955 après un incendie, est la réplique exacte de l'original.
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